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L’attaque sanglante du Westgate de Nairobi a traumatisé les Kényans. Mais la douleur a cédé la place à l’exaspération, tant de nombreuses questions restent sans réponse. Analyse de l’envoyée spéciale de FRANCE 24 au Kenya.

Par Leela JACINTO , envoyée spéciale au Kenya (texte)
Attaque de Nairobi : ces questions qui embarrassent les autorités kényanes


Mardi 24 septembre, les Kényans se sont massés devant les écrans de télévision dans les bars, restaurants et centres commerciaux de la capitale pour entendre le président Uhuru Kenyatta annoncer la fin du siège du Westgate de Nairobi. Mais le soulagement qu’ils ont ressenti à ce moment précis a rapidement laissé place à l’exaspération, tant les nombreuses questions que pose cet épisode sanglant restent sans réponse.
Dans son discours, le président kényan a annoncé que 61 civils et six membres des forces de sécurité sont morts au cours du siège, qui aura duré près de 80 heures. Il a également ajouté que cinq des assaillants avaient été tués, tandis que 11 autres suspects avaient été placés en garde à vue.

Toutefois, Uhuru Kenyatta n'a pas précisé si les gardés à vue en question étaient des assaillants arrêtés dans le centre commercial ou des complices appréhendés en dehors du cadre du Westgate.

Où sont passés les assaillants?

Plus tôt cette semaine, les responsables kényans ont déclaré qu'une douzaine d’hommes armés avaient pris d'assaut le centre commercial, le 21 septembre. Mais si seuls cinq d’entre eux sont officiellement morts, des interrogations demeurent sur le sort des autres assaillants, avec la crainte que certains d'entre eux aient pu s’échapper librement, à l’instar des centaines de clients qui ont fui le Westgate pendant le siège.




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Par ailleurs, si le groupe islamiste somalien des Shebab a revendiqué l’attaque du centre commercial, les autorités kényanes n'ont jusqu’ici fourni aucune information concernant la nationalité des terroristes. Mercredi, le ministre de l'Intérieur Joseph Ole Lenku a indiqué que les enquêteurs examinaient actuellement des empreintes digitales, et se livraient à des analyses d'ADN et balistiques. "Nous nous attendons à ce que l'examen médico-légal dure au moins une semaine," a-t-il ajouté, tout en précisant au passage que plusieurs pays dont le Royaume-Uni, les États-Unis, Israël, l'Allemagne et le Canada aidaient les autorités kényanes dans l'enquête.

Quid des otages ?

Outre la question de l’identité des assaillants, se pose celle aussi cruciale des otages. Tout au long des quatre jours qu’aura duré le siège du Westgate, les autorités kényanes ont affirmé que les opérations de sauvetage étaient compliquées par la présence d’un nombre indéterminé d'otages. Or dans son discours de mardi soir, Uhuru Kenyatta n’a fait à aucun moment mention des otages et les responsables des hôpitaux qui ont traité les blessés ont déclaré qu'il n'y avait pas eu de patients en provenance du Westgate après le 22 septembre au matin, soit le lendemain du début de l’attaque.

Donc si des otages ont été effectivement libérés entre dimanche après-midi et mardi soir, on peut pertinemment se poser la question suivante: où sont-il passés ? Apparemment aucun d'entre eux n’a été conduit dans les hôpitaux de la ville pour y être examiné.

"Si le retard dans l'utilisation de la force était justifié par la volonté des autorités de préserver la vie des otages, combien de captifs ont été libérés après le 22 septembre au matin ?", s’est notamment interrogé un Kényan sur les réseaux sociaux.

Échec du renseignement kényan

Si les Kényans espèrent davantage de transparence de la part des autorités, peu d’entre eux s'attendent à obtenir une évaluation officielle de l’échec retentissant du renseignement kényan. Celui-là même qui a permis qu’une telle attaque, aussi bien planifiée, soit perpétrée à Nairobi par un groupe terroriste bien connu des services kényans.

Il faudra se montrer patient, le temps que les analyses et les enquêtes en cours soient bouclées, avant d’obtenir des réponses à leurs questions. Reste à savoir si les conclusions des enquêteurs, quelles qu'elles soient, seront rendues publiques.

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